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Course à pied et apnée : influences réciproques de l’entraînement


vaness CAP

Contrairement à la course à pied, l’entraînement à la plongée en apnée ne vise pas directement l’acquisition d’une consommation maximale d’oxygène (VO2max) élevée ; bien au contraire.Pourtant, il est recommandé aux apnéistes de pratiquer une activité physique aérobie (course à pied, cyclisme…) afin d’améliorer leur performance en plongée.

Par R. Ziane

Contrairement à la course à pied, l’entraînement à la plongée en apnée ne vise pas directement l’acquisition d’une consommation maximale d’oxygène (VO2max) élevée ; bien au contraire.

Pourtant, il est recommandé aux apnéistes de pratiquer une activité physique aérobie (course à pied, cyclisme…) afin d’améliorer leur performance en plongée. A l’inverse, certains coureurs à pied introduisent des phases d’apnée à l’entraînement en vue d’améliorer leurs performances. Comment décrypter les interactions entre apnée et entraînement aérobie ?

L’entraînement en apnée et ses effets

L’entraînement à cette discipline vise à :

–        être capable de consommer le moins d’oxygène possible.

–        développer les capacités cardiaques et pulmonaires.

La préparation de l’apnéiste comprend donc:

  1. une préparation spécifique à l’apnée articulant différentes formes de travail (alternance de phases de nage en surface et  en immersion avec augmentation progressive des phases en immersion).
  2. des exercices de gymnastique respiratoire.
  3. des exercices de Yoga.
  4. des exercices de relaxation et de maîtrise de la respiration (relaxation progressive de Jacobson et training autogène de Schultz…

En fait il s’agit d’apprendre à minimiser le travail musculaire tout en développant la maîtrise de la respiration et le contrôle des émotions… grands consommateurs d’oxygène.

Les effets reconnus de l’entraînement en apnée sont

–        une amélioration de la durée de l’apnée,

–        une augmentation des volumes pulmonaires (6 à 10%),

–        une diminution du volume de réserve (<10%),

–        une meilleure souplesse thoracique,

–        une diminution du seuil de sensibilité au CO2,

–        une bradycardie plus importante.

D’autres effets, d’ordres psychologique et physiologique, sont aussi rapportés : une diminution de la production d’acide lactique, une réduction du stress oxydatif, un recul des points de rupture, une amélioration du recrutement neuromusculaire et de la vitesse de contraction, un recul de la fatigue musculaire, une augmentation du nombre de capillaires musculaires et de fibres rapides… (Lemaître, 2005).

La plupart de ces effets intéressent aussi les coureurs à pied et plus généralement les spécialistes

d’endurance.

Pour eux, le travail en piscine ou en mer se fait le plus souvent avec palmes, par exemple : « trois à cinq inspirations amples… suivies d’une apnée de 20 coups de palmes… le tout effectué à 10 reprises. Repos de 2 à 3 mn ». Puis reprise de l’exercice en élevant l’intensité » Barbera (1998).

A l’effort, le temps d’apnée est considérablement réduit à cause de l’augmentation :

–        de la consommation d’oxygène,

–        de la production de gaz carbonique

–        de l’acidose qui en résulte.

Aussi, pour prolonger la durée de l’apnée certains recours à l’hyperventilation, ce qui a pour conséquence :

–        d’abaisser la concentration de CO2 (de 40mmHg à 15mmHg),

–        de rendre le sang plus alcalin (moins acide),

–        de repousser le point d’arrêt de la période d’apnée,

–        de prolonger l’apnée.

Mais, cette technique risquée est à éviter en milieu aquatique en particulier lorsqu’il faut descendre en

profondeur. Elle ne l’est pas en course à pied et peut même être intéressante vis-à-vis des deux

premiers effets cités.

Influence de l’entraînement en course à pied sur les performances en apnée

Au cours d’une plongée en apnée, le métabolisme anaérobie lactique  devient très rapidement prépondérant.

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Bien qu’il s’agisse de consommer le moins d’oxygène possible, la préparation physique de l’apnéiste peut comprendre une activité sportive en endurance aérobie (course à pied, cyclisme, natation…).

L’intérêt du travail en aérobie tient à la relation entre la consommation maximale d’oxygène (VO2max) et la durée de l’apnée. Augmenter la VO2max :

–        retarde la production d’acide lactique,

–        améliore l’utilisation de l’oxygène,

–        améliore la rétention de CO2 (hypercapnie).

Une telle préparation vise ainsi à augmenter les capacités de stockage et de transport de l’oxygène et à améliorer la résistance à l’acidose qui sera subie pendant l’apnée.

Ainsi, pour Lemaitre (2005) : « L’entraînement physique aérobie et l’entraînement spécifique d’apnéistes sont complémentaires et indissociables. Ils sont tous deux nécessaires à l’amélioration des performances et de l’aisance ».

Influence de l’entraînement en apnée sur les performances en course à pied

Des études ont montrées qu’au bout de 3 à 4 mois, l’entraînement à la plongée en apnée augmenterait :

        la force des muscles respiratoires,

        la souplesse des articulations de la cage thoracique.

        les volumes pulmonaires et en particulier la capacité vitale jusqu’à plus de 10 %,

        la tolérance  au CO2 dans le sang ainsi qu’à l’hypoxie.

Conclusion

« Les meilleurs apnéistes ne sont pas forcément les plus athlétiques ».

Qu’il s’agisse de plongée en apnée ou en course à pied, améliorer la résistance à l’acidose est un objectif.

Introduire des phases d’apnée pour la plongée comme en course à pied représente toujours un risque. Cependant, il existe des différences essentielles entre l’apnée en plongée et en course à pied :

–        En plongée, l’apnée est pratiquée sous haute surveillance. Elle est immédiatement précédée d’une phase calme sans activité physique et avec une fréquence cardiaque basse.

–        En course à pied, l’effort est important et l’essoufflement traduit une dette d’oxygène déjà installée. L’apnée est engagée avec une fréquence cardiaque élevée. La prudence est donc de mise.

Références

Barbera, J.-P. (1998). La plongée en apnée. En ligne.

Guiose, M. (2004). Fondements théoriques et techniques de la relaxation – Psychomotricité première année. Faculté de médecine Pierre et Marie Curie. En ligne.

Lemaître, F. (2005). L’entraînement en apnée. Congrès médical sur l’apnée – Commission médicale et prévention du CIBPL. En ligne.