INTERVIEW – mondiaux AIDA : Stephane Tourreau « Se respecter soi-même c’est respecter son propre sport… » Sur la journée de poids constant des championnats du monde AIDA le 16 septembre dernier, avec 95m CWT, Stéphane Tourreau a réalisé la meilleure perf française et se classe 5e au général. Une belle place pour l’étoile montante de l’apnée profonde française. ►FRANCE APNEE : Une 5e place sur des mondiaux de profondeurs, on imagine ta satisfaction. Quelle est ta réaction ? ► STEPHANE TOURREAU : Hallucinant, quand Alexander Bubenchikov (UKR) avec qui je partage cette place m’a annoncé 4e et puis 5e à 2 point du podium, je n’en revenais pas. Je ne l’ai pas cru, au départ on était la 12eme annonce ! Un entrainement plus régulier sur 100m cet été m’aurait permis d’aller plus loin. Mais c’est aussi grâce à ça que l’on apprend et que l’on rebondit rapidement sur la suite il faut rester cool avec ça suite aux derniers évènements ! ►FRANCE APNEE : Beaucoup d’athlètes n’ont pas honoré leur annonce, as-tu une explication ? ► STEPHANE : Les athlètes, pour beaucoup, ont le goût de la performance « max » hélas et on se rend rapidement compte que les championnats du monde ce n’est pas la compétition du quartier. Mettre un bout de papier dans une boite c’est facile mais se retrouver sur le câble le jour J avec tout ce que cela représente pour tout le monde c’est une autre histoire. Et les erreurs techniques, matériels ou autres sont forcément liées à ça car chaque perf sur les mondiaux sont faites dans les automatismes. On est plus occupé à gérer ces émotions qu’à penser à ce que l’on doit faire. Et il est gourmand le cerveau je vous le dis ! ►FRANCE APNEE : Revenons à ta descente à -95m. Comment s’est-elle passée ? ► STEPHANE : La perf commence 2 jours avant, j’avais commencé à la visualiser plusieurs fois. Beaucoup de concentration et recentrage le jour J pour me relâcher. Je savais que je devais automatiser entièrement ma plonger car mon esprit devais être le plus relâché possible pour garder le maximum d’énergie. Emotionnellement la pré-compétition c’était le monde de « OUI-OUI » !! Tout s’est bien déroulé, je me suis retrouvé en dessous des plaquettes le jour J, avec une coulée très rapide, comme souvent vous me direz… A la remontée entre 95 et 40m il se passe 15sec dans ma tête avec l’effet narcose, je savais que la sortie serait aussi sportive que sur mes max à l’entrainement. Toute la visualisation faite la veille m’a permis d’être précis à la seconde. Marion Chavanne de mon club m’a parfaitement « driver » pour la perf’ et ca joue beaucoup… Merci encore! ►FRANCE APNEE : Il n’y a pas si longtemps Stéphane Tourreau était un homme pressé ! Dans les tous sens du terme d’ailleurs : vitesse de nage et surtout volonté de progresser en profondeur. Or avec une annonce à 95m, il semblerait que tu te sois assagi et que tu te projettes plus sur le moyen/long terme ! Tu confirmes ? ► STEPHANE : Je confirme pour la progression 😉 ! Je compte me préserver pour la suite et prendre plus de plaisir, je dois aussi plonger plus régulièrement profond pour préparer le corps. Ce que je faisais par bloc d’un mois jusqu’à présent… Pour ce qui est de ma vitesse de nage même si je ralentis un peu le corps reste plus performant avec ce rythme et j’aime cette sensation de glisse et de vitesse dans l’eau !! ►FRANCE APNEE : Qu’est-ce qui t’a conduit à changer ton approche de l’apnée profonde ? ► STEPHANE : – Le besoin de prendre du plaisir et de transformer l’entrainement parfois exigeant en compétition facile pour cultiver cette envie et durer dans le temps. – Le respect de soi, de la discipline et de l’image que l’on doit lui apporter. Se respecter soi-même c’est respecter son propre sport (il devient public, nous devons être irréprochable et professionnel) – Beaucoup de personnes me soutiennent, ma famille, mes amis mon club, mes partenaires et il me semble primordial de représenter autre chose que des mec qui sortent tout bleu inconscient et bavant! ►FRANCE APNEE : L’apnée profonde demande beaucoup de sagesse et d’humilité. Que penses-tu des apnéistes qui tentent le tout pour le tout en sortant souvent sur le fil du rasoir ou qui multiplient les syncopes ? ► STEPHANE : Pour ceux qui se posent des questions nous devons les aider, les accompagner et apporter des réponses viables et pas chercher à mettre ça sur les éléments extérieurs. Il faut être humble et accepter d’être remis en question ! Quand on fait une performance on prend tout en compte (Vent, température, matériel, ambiance général, nutrition, sécurité, facteur stress le jour J … ) Pour les autres ? Égoïsme, Irrespect envers soi, envers sa discipline et l’image qu’ils transmettent !! Encore plus intolérable à très haut niveau ! ►FRANCE APNEE : Revenons au fait majeur de cette session chypriote, à savoir l’accident de Guillaume Néry et à son forfait. Tu étais sur place ce 10 septembre, comme as-tu vécu cette journée ? A-t-elle eu à ton avis des conséquences sur le plan sportif sur ces mondiaux ? ► STEPHANE : J’ai été très choqué sur le moment. Quand j’ai vu sa sortie, je ne citerai pas les détails, je pensais que nous venions de perdre un ami … Le soulagement fut énorme à son retour sur le pont. Je suis encore impressionné par sa capacité à se reconstruire aussi rapidement, cela montre son niveau et sa préparation exceptionnelle ! Je fais partie des gens qui en tire le constructif et cela m’a beaucoup fait réfléchir sur la sécurité et ce qui nous passionne dans notre sport, ce qui nous anime et que l’on va chercher… Cela m’a fait une belle prise de conscience. Aujourd’hui il est présent comme coach et va faire évoluer sa carrière. Je suis admiratif. J’ai beaucoup de respect pour la personne qu’il représente. Il est un moteur pour beaucoup d’entre nous! ►FRANCE APNEE : Dans moins de trois semaines tu seras alignés sur les mondiaux CMAS outdoor avec également Rémy Dubern, Patrick Poggi et Mathieu Vincent également en Equipe de France AIDA ? Ne crains-tu pas laisser de l’influx sur les mondiaux AIDA ? ► STEPHANE : Hâte d’ être aux mondiaux CMAS, au contraire ! Cela permet une continuité et en profondeur elle est primordiale pour aller plus loin! C’est une bonne chose je pense. ►FRANCE APNEE : Puisque cela s’inscrit dans ta progression, as-tu envie d’aller chercher le record du monde CMAS (actuellement à -95m) et le titre de champion du monde de CWT ? Ma philosophie est d’annoncer une performance qui me correspond sur le moment pour assurer à 100%. Si c’est un record temps mieux mais je pense aussi qu’il y aura du bon niveau à ces championnats. Ca reste encore loin des performances d’ Alexey Molchanov ou de Guillaume et je compte me focaliser sur ma progression et ma carrière sportive. Le record ou le classement s’il doit se faire, il se fera par lui même. Pourrais-tu nous dire quels seront tes principaux adversaires ? Je ne sais pas et je préfère me couper des autres pour me recentrer il y a déjà beaucoup de boulot avec moi ah ah !! Merci Stéphane et à bientôt sur France Apnée Propos recueillis le 17 septembre 2015 par LHN septembre 16, 2015 by France Apnée Comments are off 41587 viewson Actualités, Interviews Share this post Facebook Twitter Google plus Pinterest Linkedin Mail this article Print this article Next: INTERVIEW – Mondiaux AIDA : Aurore Asso « Je ne plonge pas pour avoir des médailles ou des records… » Previous: DOSSIER : Mondiaux AIDA outdoor – Limassol 2015
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