Une plongée dans l’assiette de Morgan Bourc’His / l’alimentation d’un champion d’apnée L’alimentation occupe une place très importante dans la vie d’un athlète. Pour aborder ce thème nous avons demandé à Morgan Bourc’His ce qu’il mange mais également comment s’organise-t-il pour faire ses repas. Nous verrons avec lui si son mode d’alimentation a évolué au fil des années et si Morgan a cédé aux modes du « sans gluten » ou « sans lactose ». Vous l’aurez compris, on ne va pas vous parler de perf’ dans cet article mais le sujet devrait intéresser tous les sportifs soucieux d’une alimentation saine. Morgan, quelle place occupe la nourriture dans ta vie ? Une place importante, car j’y consacre du temps pour m’approvisionner, un budget conséquent. Par ailleurs je prépare mes repas avec attention. Je ne suis pas un fin diététicien mais je mange naturellement équilibré. J’apporte autant d’importance au contenu de mon assiette, qu’à la provenance de mes aliments et aux personnes qui les ont produits. C’est un tout. As-tu des grands principes alimentaires ? Je privilégie le circuit court. Je fréquente à Marseille un marché de producteurs dont plus de 80% sont biologiques et locaux. Je connais beaucoup d’entre eux. Je suis allé sur leur exploitation pour voir comment ils travaillent, et pour éprouver leur réalité quotidienne. Je leur prête parfois mes bras gracieusement car je considère qu’ils font un métier fantastique, mais terriblement éprouvant. Je mange donc local et de saison. J’ai donc une traçabilité optimale sur tous les produits : fruits, légumes, viandes, fromages, pain, et même produits de la mer, jusqu’aux fleurs que j’achète à ma compagne (mais aussi pour moi, j’aime beaucoup les fleurs !). J’estime qu’à travers mon alimentation, j’ai une responsabilité sociétale et environnementale. Je n’ai pas de grands principes. Je mange naturellement beaucoup de fruits et de légumes, crus et cuits. Je cuisine à la vapeur douce ou je fais revenir ceux-ci sur un temps court. Je mange peu de viande, parfois moins d’une fois par semaine. Je veille à mes apports protidiques végétaux. Je mange des œufs, des produits laitiers et du pain. Je ne suis pas un « sans gluten » et « sans lactose » mais il m’arrive parfois d’en manger moins en période de compétition. J’ai une alimentation saine et équilibrée sans me tracasser et me surveiller. Comment t’organises-tu pour faire tes courses ? Je fais mon marché le me0rcredi matin, et j’achète pour une semaine. Les produits biologiques ont une longue conservation contrairement à ce que l’on pense. Je complète dans un magasin bio pour acheter des produits comme des légumineuses, quelques fruits plus exotiques (je ne suis pas sectaire, je mange aussi des bananes ou des mangues qui pour l’instant ne poussent pas vraiment dans nos contrée !) ainsi que des produits ménagers. Est-ce que tu te fixes un budget pour ton alimentation ? Non, je fais attention aux prix mais je connais aussi le coût du travail de ce que je mange. Je connais la réalité des ces personnes. Les bas prix de l’agriculture intensive sont possibles car elle est subventionnée. Je préfère payer un prix plus cher à un producteur qui travaille de manière juste et raisonnée. Quel est l’aliment ou le produit dont tu ne peux pas te passer ? Ton alimentation a-t-elle évoluée au fil du temps ? Avant je buvais et mangeais beaucoup de produits laitiers étant adolescent puis dans ma vie adulte. J’étais persuadé que je ne pourrais pas m’en passer. Mais on s’y fait très bien. Aujourd’hui j’en mange plus raisonnablement, et il m’arrive de m’en passer sur du long terme en déplacement à l’étranger par exemple. Je crois qu’un jour sans fruit, quel qu’il soit n’est pas possible par contre. Des achats plaisir ? Je crois que pour moi, chaque mercredi matin est mon achat plaisir. J’adore faire mon marché. Je suis parti un mois et demi dans les Caraïbes [ndlt : entraînement en Dominique puis participation au Vertical Blue aux Bahamas] au printemps. J’ai énormément apprécié mon retour pour ce moment important de la semaine. Quand tu dois manger sur le pouce faute de temps, que prépares-tu à manger ? Sur le pouce ce sera un bol de riz, de la spiruline, du sésame, une crudité du moment avec un œuf dur. La spiruline est une micro-algue d’eau douce qui fait partie de la famille des cyanobactéries. Arthrospira platensis, son nom latin, est un micro-organisme qui existe depuis 3,5 milliards d’années. Elle pousse de façon naturelle dans les eaux chaudes des lacs en Inde, au Tchad et au Mexique. Et si tu dois cuisiner un plateau télé entre amis, quel forme prendra-t-il ? Je cuisine avec les légumes du moment. J’avoue volontiers être un fan de soupes aux recettes sophistiquées. Et si ce n’est pas une soupe ce sera sûrement une poêlée de légumes. Avant chaque compétition, quel repas manges-tu ? Je suis maintenant très centré sur les épreuves en mer, qui surviennent à un moment donné de la journée [ndlr : le matin la plupart du temps]. Je mange une petite portion de céréales et de fruits frais environ trois heures avant. Je ne me prends pas vraiment la tête, car on ne peut pas dire qu’une apnée de 3 à 4min est très couteuse en énergie. Par contre, avec cette petite quantité je serai à ce moment là presque le ventre vite et la digestion au repos. Et même si je digère encore, ce n’est pas très grave non plus. Ce n’est pas comme enchaîner deux ou trois épreuves en piscine lors d’une compétition à la journée, c’est beaucoup plus un casse-tête. L’épreuve de l’apnée statique est telle que la digestion ne doit vraiment prendre aucune place dans ce moment. Quelle est la petite recette dont tu seul as le secret ? Une soupe aux lentilles du Puy épicée à la coriandre et au cumin, avec des feuilles d’épinard crus. Le tout juste plongé dans le liquide avant de servir. Mais j’en ai déjà trop dit ! Et pour finir, » manger de l’ail » mythe ou réalité chez les champions d’apnée ? Ça je ne sais pas. Je n’ai pas fait de tests sur 2 mois avec une gousse par jour pour voir ! En revanche, je mange de l’ail pour ses vertus hypotensive et antibiotique naturelles. Et surtout parce que j’aime ça ! Propos recueillis par Nicolas Proquin d’après une idée originale de Julia Tourneur / France Apnée, octobre 2017 Photo de couverture par Irène Lamrani (2017) Morgan en poids constant sans palme pour une descente à -86m (photo : Daan Verhoeven – 2017 ) Quelques infos sur Morgan Bourc’His -âge : 39 ans -apnéiste compétiteur depuis 2001 -PB DYN : 227m -PB DNF : 175m -PB STAT : 6’46 -PB CWT : -109m -PB CNF : -90m / RECORD DE FRANCE actuel -PB FIM : -104m Palmarès international : >médaille de bronze aux championnats du monde par équipe 2006 >champion du monde lors des mondiaux par équipe en 2008 >médaille de bronze aux championnats du monde individuels en CNF en 2011 > médaille d’argent aux championnats du monde par équipe 2012 >champion du monde lors des championnats du monde individuels en CNF en 2013 >médaille de bronze aux championnats du monde individuels en CWT en 2017 >médaille de bronze aux championnats du monde individuels en CNF en 2017 octobre 30, 2017 by France Apnée Comments are off 37082 viewson Physiologie de l'apnée Share this post Facebook Twitter Google plus Pinterest Linkedin Mail this article Print this article Next: Des cerveaux à bout de souffle ? 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