la syncope Source : Apnéa magazine n° 267 – avril / mai 2015 Laurent François a interviewé Fabrice Joulia dans un dossier intitulé « la syncope décryptée » (p. 48 à 55) Maître de conférence à la faculté des sciences du sport de l’université de Toulon, et chercheur à la faculté de Marseille, Fabrice Joulia est aussi un chasseur aguerri qui trempe régulièrement ses palmes depuis un trentaine d’années. Collaborateur régulier d’Apnéa, on le consulte pour tous les sujets ayant pour trait à la physiologie de l’apnée. A travers de très nombreuses expérimentations et recherches, il a étudié la syncope et le martèle : rien n’annonce ce phénomène destiné à protéger notre cerveau du manque d’oxygène. Fabrice, qu’est-ce qui déclenche une syncope ? Le manque d’approvisionnement en oxygène au niveau de notre cerveau. Soit parce qu’il y a une hypoxie, c’est-à-dire moins d’oxygène dans le sang, ou bien parce que moins de sang arrive au niveau du cerveau. C’est par exemple ce qui se produit lorsqu’on a la tête qui tourne après un changement brutal de position. Et d’un point de vue physiologique, que se passe-t-il ? La syncope est un mécanisme de protection du cerveau. Ce n’est, ni plus ni moins, qu’une perte de conscience destinée à mettre le cerveau en veille, afin qu’il souffre au minimum du manque d’oxygène. Sommes nous tous égaux face au risque de syncope ? Hé bien non, certains individus sont plus exposés que d’autres, car il sont plus sensibles à l’hypoxie. Une molécule, l’adénosine, semble d’ailleurs impliquée dans cette sensibilité à l’hypoxie. L’adénosine est un vasodilatateur, libéré en cas d’hypoxie. Les personnes qui ont un niveau d’adénosine élevé au repos auront tendance à faire plus facilement une syncope pendant une apnée. En fait, le rôle de l’adénosine est de provoquer une vasodilatation, c’est à dire une ouverture des vaisseaux sanguins. Quand on manque d’oxygène, pour qu’il y ait davantage de sang qui arrive au niveau des tissus, les vaisseaux s’ouvrent. Et s’ils s’ouvrent en très grand nombre, il peut y avoir suffisamment de sang parvenant au cerveau. A un niveau d’hypoxie équivalent, les personnes ayant un niveau d’adénosine élevé seront donc plus sujettes à faire une syncope. Quels sont les signes avant-coureurs d’une syncope ? Il n’y en a pas! Et il faut vraiment arrêter de dire qu’il peut y avoir des signes annonciateurs. C’est totalement faux. Qu’est-ce qu’une samba / PCM* ? D’un point de vue clinique, on range la samba dans la même catégorie que la syncope. Les troubles neurologiques sont identiques. La syncope est la perte de connaissance totale. Il n’y a plus de motricité. Lors d’une samba, la motricité est désordonnée. Au niveau des conséquences, une samba est aussi dangereuse qu’une syncope, dans la mesure où dans les deux cas, il ya une perte de conscience. (* PCM : perte de contrôle moteur ) Fait-on une samba avant une syncope ? Une personne peut très bien faire une syncope sans avoir fait de samba. Et si elle fait une samba sous l’eau, cela va l’amener à la syncope. En revanche, si la samba et si le sujet se ventile, il peut éviter la syncope. Pour quelles raison certaines personnes peuvent-elles parvenir à repousser la syncope ? L’entraînement ne permet pas de repousser la syncope elle-même. Mais il permet à l’apnéiste de mieux tolérer le manque d’oxygène et de mettre en place des mécanismes de protection contre l’hypoxie. Les très bons apnéistes ont parfois, ainsi, une irrigation sanguine cérébrale dix fois supérieure à celle d’un plongeur occasionnel . quand ils ont une apnée, leur cerveau est mieux approvisionné en oxygène et ils repoussent donc le phénomène de syncope. Les apnéistes les mieux entraînés ont une redistribution préférentiellement vers le cerveau et le cœur. Ils sont donc, à durée d’apnée équivalente, moins susceptible de faire une syncope. Même leurs muscles sont habitués à fonctionner à l’économie, et consommeront moins d’oxygène que chez un débutant. Ainsi l’oxygène non utilisé par les muscles sera disponible pour les organes, qui eux ne peuvent s’en passer. Quels sont les dangers de la syncope ? Dans 99% des cas, c’est la noyade. La syncope peut aussi, mais c’est plus rare, être associée à un accident cardiaque. Certains apnéistes ont, au fil du temps, banalisé la syncope, au point d’en faire régulièrement lors des entraînements. Peut-on souffrir de séquelles à force d’enchaîner ces black-out ? C’est dramatique ! La syncope ne doit vraiment pas être banalisée. La répétition d’hypoxies cérébrales sévères peut avoir des effets négatifs à moyen ou long terme. Y a-t-il des études réalisées sur ce phénomène et sur la façon de l’éviter ? Les études sur la syncope concerne principalement la syncope neurocardiogénique (personnes qui perdent connaissance lors de changement brutaux de position). Toutefois, nos récents travaux suggèrent que la caféine pourrait avoir une action bénéfique pour limiter la syncope car elle bloque les effets de l’adénosine. Une personne faisant une syncope hors de l’eau peut-elle récupérer seule ? Si elle est assise dans son canapé, oui ! Car, une fois encore, la syncope n’est pas prévisible. Elle est brutale et je le répète, ne prévient pas. SYNCOPE ET PROFONDEUR La profondeur peut influer sur la syncope dans la mesure où, plus on descend, plus il y a une redistribution du sang dans les différentes parties du corps. Cela augmente donc la consommation d’oxygène. Quand on remonte en surface, comme la pression diminue brutalement, l’hypoxie est brutale, et donc peut conduire à la syncope. photographe : Logan MB – photography Fabrice, la manière dont on se positionne lors de la remontée a-t-elle une influence ? En fait, nous avons, dans nos artères carotides, des terminaisons nerveuses qui permettent d’ajuster la pression du sang allant au cerveau. Or, lors de la remontée, quand on dresse la tête et que l’on tire le cou en arrière pour regarder vers la surface, on sollicite ces récepteurs. Cela ralentit le coeur, et la pression du sang chute. Et comme a déjà beaucoup consommé d’oxygène, cela peut accélérer la survenue de la syncope. L’erreur, c’est que lorsque l’on est « limit » lors de la remontée, on a tendance à accélérer le palmage, donc à consommer plus d’oxygène, et on se met également à lever la tête, pour regarder la surface, ce qui diminue la pression sanguine vers le cerveau. Y a-t-il d’autres facteurs qui peuvent accélérer le phénomène ? Il y a la température de l’eau. Si elle est froide et que l’in tremble, on utilise plus d’oxygène pour maintenir sa température corporelle. On va donc plus rapidement vers l’hypoxie. Le psychologique peut aussi jouer un rôle. Si l’on a l’esprit occupé, comme par exemple lorsqu’un poisson arrive, on oublie le temps. En fait, on a une très mauvaise estimation de la durée si quelque chose vient troubler l’attention, et c’est là que l’on risque de « tirer » son apnée, c’est-à -dire de la prolonger au-delà de ses limites raisonnables. mai 1, 2015 by France Apnée Comments are off 43685 viewson Physiologie de l'apnée Share this post Facebook Twitter Google plus Pinterest Linkedin Mail this article Print this article Next: Aurore Asso à 112m DYN et -57m CWT sous la glace du Groenland (WR Guiness) Previous: 4e manche de la Coupe AIDA France 2015 – La Ciotat
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